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Mobilité autonome

Dernière mise à jour

17 juillet 2025

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La mobilité autonome est un sujet d’actualité : d’une part ses déploiements s’accélèrent dans plusieurs pays, dynamisés par des avancées technologiques, et d’autre part, les partenariats qui la concernent impliquent dorénavant des géants de la tech. Pour autant, la technologie du véhicule autonome ne suffit pas à créer un service : les opérateurs de mobilité doivent innover pour l’intégrer dans leurs offres de transport et ainsi être en mesure de proposer des services de mobilité autonome intégrés, sécurisés, fiables et performants. Les approches réglementaires et les cas d’usage qui varient d’un pays à l’autre sont également à prendre en compte.

Explorons ensemble le contexte international, les principaux cas d’usage et modèles économiques de la mobilité autonome. Et découvrons également comment Keolis aborde ce sujet avec ses convictions, ses projets actuels et ses perspectives pour l’avenir.

Contexte international

La mobilité autonome progresse rapidement grâce à d’importants déploiements menés par les leaders du marché aux États-Unis et en Chine. Dans ces pays, la technologie est bien établie et les robotaxis sont couramment utilisés. Waymo, filiale de Google, est un exemple notable : elle réalise 250 000 courses par semaine aux États-Unis et occupe une part significative du marché du VTC (jusqu’à 27 % dans certaines villes, comme à San Francisco). Les modèles économiques évoluent, notamment à travers des partenariats entre fournisseurs de robotaxis et opérateurs locaux de mobilité. 

L’Europe n’échappe pas à ces évolutions. La mobilité autonome vise principalement à s'implanter dans le transport public dans l’objectif de garantir son accessibilité économique et de répondre aux enjeux de mobilité des territoires. Les véhicules autonomes peuvent contribuer à réduire les disparités territoriales et à offrir des solutions de transport inclusives, car ils permettent de desservir efficacement des zones peu denses ou mal connectées par les transports traditionnels. Grâce à des navettes autonomes à la demande, la conduite autonome offre une solution de transport flexible, accessible et moins dépendante d’une présence humaine. Un atout considérable pour la mobilité des personnes âgées, en situation de handicap ou sans permis, notamment en milieu rural ou périurbain.

Navette autonome au SEMA
Navette autonome au SEMA
Véhicule autonome à Göteborg en Suède

Navette autonome circulant dans les rues de Göteborg, Suède

Autre atout, la mobilité autonome est un moyen de transport durable : entièrement électrique, elle joue un rôle essentiel dans la transition énergétique du secteur.

Deux technologies prédominent, correspondant à des cas d’usages pour l’heure très spécifiques : 

- Les robotaxis pour du transport individuel,

- Les robobus et les navettes autonomes pour du transport public, en commun ou partagé.

250 000

courses par semaine sont réalisées par Waymo dans les villes américaines de Phoenix (Arizona), San Francisco, Los Angeles (Californie) et Austin (Texas). (Source : Waymo chef de file parmi les taxis autonomes aux États-Unis, La Presse, 11 juin 2025)

27 %

de parts du marché VTC sont détenues par Waymo à San Francisco, en 2e position après Uber (50 % des parts). (Source : Waymo chef de file parmi les taxis autonomes aux États-Unis, La Presse, 11 juin 2025)

+16 000

véhicules autonomes circulent en Chine, soutenus par des infrastructures dédiées et un fort appui gouvernemental. (Source : Note d’analyse, Les robotaxis chinois sont-ils l'avenir de la mobilité ?, Haut-commissariat à la stratégie et au plan, août 2024)

Quels modèles économiques pour la mobilité autonome ?

La mobilité autonome se développe à travers plusieurs modèles économiques innovants :

- Le modèle de partenariat est le plus classique : les fournisseurs de robotaxis collaborent avec des opérateurs locaux de la mobilité pour gérer localement les services et maintenir le lien avec les autorités organisatrices de mobilité. Ce modèle permet aux opérateurs de conquérir ou de récupérer des parts de marché, tout en optimisant leurs situations financières. 

- Tesla propose un modèle disruptif : l’entreprise vend des véhicules autonomes privés que des particuliers mettent à disposition lorsqu’ils ne les utilisent pas, créant ainsi une flotte de robotaxis à moindre coût. 

Enfin, le modèle du transport public, notamment européen, envisage une réduction des coûts d'exploitation jusqu'à 15 %, grâce à l'automatisation de lignes de bus, au développement de services de mobilité partagée autonome et à la création de centres de supervision mutualisés pour les véhicules autonomes.

En s’appuyant sur la baisse des coûts technologiques et la production à grande échelle, les services de mobilité autonome devraient passer du stade expérimental à une adoption mondiale d’ici 2035 (Source : Getting on board with shared autonomous mobility, McKinsey, janvier 2025).

Opérateur Keolis devant une navette autonome à Saint-Quentin-en-Yvelines
Opérateur Keolis devant une navette autonome à Saint-Quentin-en-Yvelines

Quelles règlementations pour les véhicules autonomes ? 

Les réglementations autour de la mobilité autonome varient considérablement selon les pays. 

Aux États-Unis, le cadre légal est flexible et permet d'exploiter les services de mobilité autonome sous des règles locales (par État) qui évoluent rapidement. Le principe se fonde sur l’idée que tout ce qui n'est pas interdit est autorisé, favorisant ainsi l'innovation, avec un contrôle réalisé par une agence gouvernementale fédérale (NHTSA). 

En Chine, le gouvernement joue un rôle actif en favorisant largement les projets d’intelligence artificielle et de véhicule autonome. Cela se traduit par la transformation de villes en « zones de tests », où les fournisseurs de véhicules autonomes peuvent effectuer des tests grandeur nature. 

Poste de contrôle, à distance, d'une navette autonome

Poste de contrôle à distance d'une flotte de véhicules autonomes

En France, deux cadres réglementaires existent et complètent les règles européennes :

- la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), adoptée en mai 2019, a élargi le cadre des expérimentations de mobilité autonome en autorisant, à titre dérogatoire et sous conditions, la circulation de véhicules autonomes dans le cadre de services de transport payants. Elle permet ainsi de tester des services commerciaux sans conducteur à bord, préfigurant un déploiement pérenne sous la loi LOM.

- la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), adoptée en décembre 2019, autorise, sous conditions, le déploiement commercial de véhicules autonomes dans les transports publics. Elle crée un cadre juridique dédié, mais l’entrée en application effective dépend encore de précisions techniques attendues du Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés (STRMTG), notamment sur la sécurité, la supervision à distance, la gestion du service en exploitation et l’insertion sur route ouverte. 

Ces différences mettent en évidence l'importance d'adapter les stratégies d'implantation des véhicules autonomes en fonction des conditions juridiques et des réglementations locales.

La mobilité autonome transforme le paysage du transport, et notamment celui du transport public. Pour les AOM (Autorités Organisatrices de Mobilité), elle offre des opportunités uniques pour améliorer l'efficacité, la durabilité et l'accessibilité des services. 

État de l'art de la mobilité autonome routière chez Keolis

Avec ses déploiements menés dans 8 pays, Keolis fait partie des opérateurs de transport public leaders dans le domaine de la mobilité autonome, comme en témoignent les chiffres ci-dessous.

A noter qu'ils  ne concernent que la mobilité autonome routière et n’intègrent pas les métros automatiques exploités par le groupe Keolis, ni la solution Urbanloop de capsules automatisées sur rail léger à propos de laquelle vous retrouverez des informations dans la suite de cet article.

180 000

kilomètres parcourus

+40 000

heures d’exploitation

56

déploiements dans le monde

219 000

passagers transportés

Site d’Essai des Mobilités Autonomes (SEMA) : véritable laboratoire de la conduite autonome

Unique au monde, le Site d’Essai des Mobilités Autonomes (SEMA) est hébergé par le Centre National de Tir Sportif (CNTS, à Déols, 36) où s’entraînent les équipes de France olympiques et paralympiques, et pour lesquelles Keolis fournit un service de desserte des différents stands de tir. Depuis 2019, les navettes autonomes circulent sur un parcours de plus de  5 kilomètres, en mixité avec les autres usagers de la route. Le SEMA a été aménagé afin de tester différentes mises en situation, dont la traversée de croisements avec feux tricolores intelligents connectés.

Ce site privé de 80 hectares accueille du public toute l’année. Cela permet à Keolis de rouler en conditions réelles dans un environnement sécurisé afin de préparer les prochains projets de conduite autonome. L’objectif est de pouvoir construire des services en lignes fixes et/ou en transport à la demande, alliant performance, fiabilité et surtout sécurité, et répondant aux besoins des utilisateurs.

Navette Easymile opérée par Keolis au SEMA
Navette Easymile opérée par Keolis au SEMA
Vue aérienne du SEMA

Dans la perspective de la pleine autonomie des véhicules, Keolis a commencé, depuis l’été 2020, à faire des tests sans opérateur à bord au SEMA. Ces essais visent à valider toutes les conditions de la mise en place de services autonomes, qu’il s’agisse des aspects humains (expérience client, acceptabilité, sécurité des passagers), techniques (feux intelligents, communication V2X, etc.) ou opérationnels (formation des équipes, procédures d’exploitation, etc.). Depuis juin 2022, date de la coupe du monde de Para Tir Sportif, Keolis offre régulièrement des services de transport au SEMA, lors des compétitions du Centre national de tir sportif (CNTS). Keolis a ainsi pu valider ses hypothèses de tests et lancer des services de mobilité autonome pour les athlètes et les visiteurs du site.

Enfin, le SEMA est aussi le lieu privilégié de formation à la mobilité autonome des équipes opérationnelles du Groupe : opérateurs, agents d’intervention, superviseurs, régulateurs, managers de proximité et techniciens de maintenance. Ce lieu constitue aujourd’hui un atout stratégique pour le Groupe et attire les industriels du secteur.

Défis et opportunités : une nouvelle étape avec l’autonomie de niveau 4 

Dès septembre 2016, le groupe Keolis effectue la toute première expérimentation de navette autonome à Lyon dans le quartier Confluence. En 2018, la stratégie nationale française concernant les véhicules autonomes a été mise en place sous l’impulsion de Mme Anne-Marie Idrac, Haute Responsable pour la stratégie de développement des véhicules autonomes. Ces orientations stratégiques ont permis d’enrichir le cadre réglementaire, de fixer des priorités et de définir des cas d’usage précis pour la conduite autonome.

Nordine, Opérateur référent local Véhicules Autonomes et formateur à Châteauroux.

Nordine

Opérateur référent local Véhicules Autonomes et formateur à Châteauroux.

« J’ai le sentiment de participer à la création d’un nouveau service, qui se développera pour répondre à des besoins non couverts par les autres modes de transport, notamment dans les zones rurales, comme ici à Châteauroux. »

Presque neuf ans plus tard, le défi est d’assurer le déploiement à grande échelle de véhicules en pleine autonomie, sans opérateur à bord. L’évolution de la réglementation structure les avancées en la matière :

- en France, la loi « LOM » permet depuis décembre 2019 d’opérer des navettes hautement autonomes sur certains cas d’usage. 

- à l’échelle européenne, un cadre d’homologation des véhicules autonomes a été mis en place, ainsi qu’un amendement à la convention de Vienne qui reconnaît – dans certains cas – que le conducteur n’est plus forcément un humain mais bien un système automatisé de conduite.

Pour que le modèle économique de la mobilité autonome soit viable, il faut donc atteindre :

- la pleine autonomie des véhicules, afin de s’affranchir de la présence d’un opérateur à bord de chacun des véhicules. Un superviseur assure dans ce cas, à distance, la gestion d’une flotte de véhicule. Cela permet de rationaliser les effectifs nécessaires à l’exploitation d’un ensemble de véhicules autonomes, qui peuvent représenter jusqu’à 40 % du coût complet de l’exploitation du service ;

- des déploiements à grande échelle en termes de nombre de véhicules en circulation pour réduire sensiblement l’ensemble des coûts (véhicule, équipements, etc.) grâce à la production en série.

Réunion menée au SEMA
Formation d’opérateurs de véhicules autonomes, dispensée au SEMA
Véhicule autonome à Renmark, dans le sud de l'Australie

Véhicule autonome à Renmark, dans le sud de l'Australie

Junior, Opérateur formateur à Lyon

Junior

Opérateur formateur à Lyon

« J’ai eu la chance d’être le tout premier opérateur de navettes autonomes chez Keolis en 2016. J’ai donc assisté au développement de la technologie et du service. J’ai ensuite pu évoluer et devenir formateur à mon tour. »

Urbanloop : des capsules ferroviaires individuelles pour un transport durable

Grâce à son expertise en matière de mobilité automatisée – métros automatiques ou véhicules routiers autonomes –, le groupe Keolis explore également une solution innovante sur rail léger. Il s’agit d’Urbanloop, une start-up française qui a conçu un système de capsules individuelles automatisées, circulant sur voie dédiée. Cette technologie, différente des véhicules autonomes routiers, a été déployée avec succès lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 sur l’Île des Loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, avec l’appui de Keolis pour son exploitation.

Les deux principes de base de ce transport durable sont :

- un accès immédiat au service, car les capsules attendent les voyageurs en station. Celles-ci peuvent accueillir deux passagers, et le prochain modèle en cours de développement pourra en transporter jusqu’à dix.

- une circulation à la demande avec une desserte directe de la destination sélectionnée, sans arrêt aux stations intermédiaires non demandées sur le parcours, source d’une efficacité inégalée dans le transport public.

Urbanloop rencontre un franc succès à Saint-Quentin-en-Yvelines, avec plus de 26 000 passagers en moins d’un an. Keolis assure l’exploitation du service, tandis que sa filiale Kisio réalise la supervision à distance du système depuis Paris.

Cette initiative permet de compléter les offres de mobilité urbaine durable : accessible à tous, elle occupe peu d’espace au sol, réduit l’empreinte carbone grâce à une propulsion électrique alimentée par le rail – sans batterie – et limite la congestion routière grâce à son infrastructure dédiée.

Soutenue par des partenaires comme le groupe Keolis, la région Grand Est et l'Université de Lorraine, Urbanloop se positionne comme une solution innovante de transport durable, en passe de s'étendre en France et à l'international.

Station Urbanloop – Île de Loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines

Première station opérationnelle d’Urbanloop, installée au cœur d’un site emblématique des Yvelines, en lien direct avec les mobilités douces et le loisir de plein air.

Capsule Urbanloop en service
Passager dans une capsule

1

déploiement de circuit Urbanloop

30 000

kilomètres parcourus

+1 300

heures d’exploitation

27 000

passagers transportés

L'acceptabilité par le public, élément clé du développement de ces nouvelles solutions de mobilité

Keolis fonde ses relations avec ses partenaires publics sur l’écoute et le dialogue pour comprendre au mieux les enjeux des territoires et mettre en œuvre de nouvelles solutions de transport comme la mobilité autonome.

Plusieurs études ont été réalisées auprès des voyageurs pour savoir comment ils appréhendent les véhjcules autonomes, quel est leur niveau de confiance envers celui-ci et, enfin, s’ils s’imaginent y avoir recours à l’avenir.

Deux passagers et un opérateur Keolis dans un véhicule autonome
Deux passagers et un opérateur Keolis dans un véhicule autonome
Image d'une passagère

Julie

Passagère

« Je pense que la navette autonome peut répondre à un besoin concret dans les zones moins desservies par les transports. »
image d'un passager

Simon

Passagère

« C’est un service innovant. »
image d'un passager

Thomas

Passager

« Les véhicules sont futuristes, on entre dans une nouvelle dimension ! »

Mobilité autonome : et demain ?

La mobilité autonome est en plein essor à l'échelle mondiale. Les véhicules autonomes ont atteint une maturité technique, avec des leaders tels que Waymo, WeRide, Pony.ai, etc., que ce soit en robotaxis individuels ou en robobus collectifs ou partagés. Les services commerciaux commencent à se déployer, capturant des parts de marché significatives.

En partenariat avec Renault, Keolis prévoit de lancer un service de minibus électriques autonomes à Châteauroux, dans le cadre d’une expérimentation en conditions réelles. Cette initiative s’inscrit dans le projet Mach2, soutenu par le plan « France 2030 ». Il réunit plusieurs acteurs majeurs de la mobilité – dont Alstom, EasyMile, Equans et StatInf – avec le soutien de Châteauroux Métropole et du département de l’Indre. Ce projet vise à déployer un service régulier devéhicules autonomes sur route, intégré à l’offre existante, avec une supervision centralisée et une exploitation commerciale à horizon 2026. L’ambition : franchir une étape décisive vers la généralisation des services de mobilité autonome en milieu urbain et périurbain.

Clémentine Barbier, Responsable Mobilité Autonome

Clémentine Barbier

Responsable Mobilité Autonome

« Keolis développe des services de mobilité autonomes adaptés aux besoins et aux attentes des voyageurs, en utilisant de façon performante et sécurisée les véhicules automatisés et les infrastructures connectées associées. »

Par ailleurs, Keolis réfléchit à introduire les services de mobilité autonome dans les réseaux actuels, et renforcer leur complémentarité avec les transports en commun « classiques ». Pour cela, l'entreprise collabore avec des acteurs publics et privés afin de faire progresser la conduite autonome, d’explorer de nouvelles opportunités de services et d’utilisation, et de transformer durablement les territoires. Convaincu que la mobilité autonome enrichit l'offre multimodale et améliore l'inclusivité et la durabilité, Keolis travaille à créer une chaîne de valeur solide autour des véhicules autonomes et des solutions innovantes. Le Groupe veille particulièrement à la sécurité et à l'acceptabilité par le public, ainsi qu’à l’accompagnement des équipes locales vers les nouveaux métiers dédiés à la mobilité autonome.

Pour aller plus loin